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Le château, son histoire

Le château de la Calade se trouve sur le plateau de Puyricard, au nord d’Aix-en-Provence.

Dans la même famille depuis ses origines, il dispose d’une riche histoire, récemment étudiée lors d’un travail universitaire, produit par Guillaume Médail.

En voici quelques jalons.

Les prémices du domaine (1411-1632)

L’origine de la propriété remonte au début du XVe siècle.

En 1411, Antoine Isnard, maître rational à la Chambre des Comptes, fait construire une tour de bastide dans le terroir de Puyricard.

Restitution de la tour de bastide primitive

Cet édifice prend la forme d’un parallélépipède de 5 mètres de large pour 10 mètres de long. Haut de 10 mètres, il comporte une base traitée en glacis et s’achève par une couronne crénelée.

Le 9 septembre 1454, une convention passée par les Conseillers de Puyricard ordonne la réfection de la route royale (aujourd’hui RD7n), dont une portion est contigüe au domaine de la famille Isnard. Pour parer à la nature marécageuse du lieu, liée à la présence de la Touloubre, fleuve côtier qui déborde régulièrement, on décide alors de construire un pont mais également de « calader », c’est-à-dire de paver en galets les accès de l’ouvrage.

Le nom de la Calade est ainsi appliqué aux environs et va par la suite qualifier le château proche et la famille qui le possédera.

En 1539, après plusieurs changements de mains, le domaine est acquis par François d’Escalis, docteur en droit et baron de Bras. Il restera près de 93 ans dans sa famille.

Le château, premières campagnes de travaux et modifications ultérieures (1632-1789)

En 1632, Louise de Guiran, veuve de Pierre d’Escalis vend le domaine à son gendre Hiérôme Duranti, conseiller à la cour des comptes, aides et finances de Provence.

L’année suivante, ce dernier fait ériger la propriété en arrière-fief féodal, sous le nom de Saint-Louis de la Calade, avec droits de moyenne et basse justice.

Rapidement, le juriste décide de transformer la bastide primitive en agréable demeure à habiter lors des chaleurs estivales, ou pour fuir Aix lors des épidémies qui continuent à faire des ravages dans la région.

Entre 1633 et 1653, le château actuel est donc construit, adoptant une architecture militaire et austère.

Une fois achevé, c’est une sorte de quadrilatère à deux étages, flanqué aux angles de quatre tours circulaires dominantes, marques du caractère seigneurial du lieu.

Les espaces intérieurs de la maison sont soignés. L’escalier d’honneur ainsi qu’une grande salle au rez-de-chaussée sont décorés de gypseries (plâtre sculpté) aux très riches ornements.

Les motifs sont variés, représentant les armes du commanditaire, des cartouches décoratifs aux scènes figurées, des trophées, des paquets de fruits et des fleurs.

À l’aube du XVIIIe siècle, la famille Duranti la Calade crée des chambres, salons et boudoirs au premier étage du château. Des pièces aux dimensions intimistes, ornées de gypseries légères dans le goût rocaille.

En 1774, le domaine est agrémenté d’une auberge et d’un relais de poste, construits en bordure de la route royale.

Portrait de Hiérôme Duranti (1601-1681)

Le château au début du XXe siècle

Un château malmené mais finalement préservé (1789-2024)

Lorsque survient la Révolution, le château possède encore ses quatre tours « dominantes », élément distinctif de son caractère seigneurial. Après la chute de la monarchie et la proclamation de la République, une telle marque pouvait apparaître comme dangereuse pour son propriétaire. Ainsi, dès 1792, Claude-Jean-Baptiste de Duranti la Calade choisit de faire démolir les deux tours du côté terrasse et de rabaisser les deux autres à leur niveau actuel. Durant cette période troublée, le reste de la famille s’exile à Naples.

De retour d’émigration en 1806, une remise en état générale de la Calade, abandonnée depuis plusieurs années, est nécessaire. En 1809, les Duranti font alors aménager un salon et une chambre au premier étage du bâtiment, dans lesquels s’affirme le style Empire. Le salon est décoré d’un papier peint panoramique de la manufacture Joseph Dufour, sur le thème des « Jardins de Bagatelle » ou « Jardin anglais » tandis que les murs de la chambre arborent un trompe-l’œil de draperies polychrome.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le parc prend sa forme actuelle. Il est planté de platanes, agrémenté d’un bosquet et de deux bassins d’agrément. À partir de 1901, Jérôme de Duranti la Calade entreprend des interventions majeures pour assurer la pérennité du bâtiment : réfection des toitures, reprise des enduits, remise en état des menuiseries et des intérieurs.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est réquisitionné successivement par les trois armées, en particulier par celle du Reich en 1943. Les dernières grandes modifications apportées au domaine interviennent dans les années 1950, réalisées par Georges Richard époux de Monique de Duranti la Calade (dernière à porter le nom de famille).

Menacé par le projet d’une zone d’activité dans le quartier, le château est finalement inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en décembre 1975.
Il a depuis été classé en 2015.
La propriété est aujourd’hui détenue par la seizième génération de descendants directs.

Source :

MEDAIL (G.), Étude historique et architecturale du château de la Calade à Puyricard (Bouches-du-Rhône) 1411-1914, mémoire de Master recherche sous la direction de Mireille Nys, Maître de conférences en histoire de l’art moderne à Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, 2020.